Trois mois plus tard, les effets d’une politique agricole favorisant le maïs irrigué ayant créé une situation de crise catastrophique pour nos rivières, je suis de nouveau intervenu sur la politique de l’eau, en mettant, cette fois, le projecteur sur la maïssiculture.
AFFAIRE 24 I OCTOBRE 2OO9
INTERVENTION DE M. FERRIER SUR LA GESTION DE L'EAU
M. FERRIER.
- Monsieur le Président, Monsieur le Préfet, chers Collègues, l'été 2009 vient tout juste de s'achever en ayant joué les prolongations. Cet été a connu, encore une fois, une situation de crise quant au problème de la gestion de l'eau, des nappes et de nos rivières, ce qui montre bien que la cause des difficultés récurrentes relatives à I'eau dans notre région ne tient pas aux aléas de la météorologie mais découle d'un lien direct entre irrigation intensive et épuisement de la ressource en eau.
Nous sommes confrontés à un déséquilibre important et récurrent entre la ressource en eau disponible et les prélèvements effectués sur cette ressource.
Notre département est structurellement déficitaire en eau estivale, du fait du développement de la maïsiculture irriguée, intensive, en monoculture.
Face à cela, la gestion actuelle de I'eau démontre qu'elle est dans l'impasse, se bornant à venir apporter des réponses d'urgence à une situation structurelle : inadéquation entre ressources et prélèvement.
La seule mesure de long terme qui nous est proposée est la création de réserves de substitution, financées à70%avec I'argent des contribuables.
La culture de maïs représente, en Charente-Maritime, 56 000 hectares. Parmi ces derniers, 38 000 soit près de 70 % sont irrigués, représentant environ 80 millions de mètres cubes chaque année, qui sont majoritairement prélevés dans les nappes souterraines. En comparaison, l'usage
domestique représente 50 millions de M3.
Si une diminution des surfaces de maïs a été constatée de 2002 à 2006, la tendance est de nouveau à la hausse, avec la mise en culture de jachères. En 2008, notre département a produit quatre mille hectares de plus de maïs par rapport à 2007.
Le type d'agriculture défendue par les irrigants a pourtant des impacts négatifs importants :
D'abord, l'impact social : de 2000 à 2007, la Charente-Maritime a perdu 1 272 exploitations. Elle est passée de 6 571 à 5 000 exploitants, ce qui s'est traduit par une concentration et une augmentation de la surface moyenne cultivée. Cette course à l'extension favorise aussi la hausse du prix des terres labourables. La distribution massive d'aides aux grandes cultures céréalières, au détriment d'une agriculture socialement responsable, doit cesser.
Concernant l'impact économique: sur le département, il est prévu un stockage de 18 MM3 à 4€le m3 représenlant72 M€ et 45 M€ d'argent public dont 15 M€ pour le département. Tout cela pour une faible proportion d'agriculteurs. Cette situation qui favorise une minorité est profondément inégalitaire face à l'utilisation de l'argent public. Les Charentais-Maritimes sauront maintenant comment sont utilisés leur impôt.
Juste un petit détail : en ce moment, un projet de cinq retenues voit le jour près de La Laigne. Deux sont déjà en cours pour un coût de six millions d'euros, dont 70 % à la charge de la collectivité et 1,2 millions d’euros, à la charge du Département pour douze exploitants.
Concernant l'impact environnemental, la monoculture chimique de maïs a des conséquences graves sur l'environnement: absence de rotation, concentration de polluants, diminution de la biodiversité. Pour toutes ces raisons, une réorientation de l'agriculture est indispensable. Si I'eau doit être stockée pour l'irrigation, cela doit se faire pour une agriculture compatible avec le respect de I'environnement général de la ressource en eau en particulier et de la santé, mais ce n'est pas I'orientation prise actuellement dans les projets.
S'il est un lieu hautement symbolique de notre département qui, sur près de mille hectares, appartient aux Charentais-Maritimes et devrait servir de laboratoire à la mise en place de l'agriculture de demain, c'est le site de la Trézence.
Lors de la dernière session, seulement une dizaine d'hectares ont été timidement alloués pour I'expérimentation de cultures maraîchères bio. C'est nier l'incroyable marché potentiel, exponentiel du bio dont notre pays est importateur de 50 % de sa consommation intérieure. C'est nier les besoins des 51 collèges départementaux qui servent trois millions de repas par an, mais aussi ceux des lycées, des écoles, des hôpitaux, des restaurants d'entreprises. C'est nier I'attente d'une partie toujours croissante de nos concitoyens qui demandent une nourriture saine et produite dans le respect de I'agriculteur et de
I'environnement. C'est également nier les orientations du Grenelle de I'Environnement.
Depuis dix-huit mois, un projet de Société Coopérative d'intérêt Collectif a été proposé au Conseil Général. Cette SCIC se propose de démarrer, d'organiser du maraîchage bio à grande échelle et de servir de locomotive à la reconversion de tout le site à une agriculture moderne, créatrice d'emplois et correspondant aux attentes de nos concitoyens : L'agriculture biologique.
Je vous demande, Monsieur le Président et chers Collègues, de lui apporter tout votre soutien.
Une partie de l'argent mis à fonds perdus dans les bassines lui sera bien utile.